Depuis l’enfance, les mots m’ont toujours touchée. Sans même n’avoir jamais lu un quelconque livre (j’ai détesté lire jusqu’à mes 16 ans), j’ai toujours eu une attirance profonde pour l’écriture et une sensibilité accrue pour la musique. Inexpliquées, sorties de nulle part.
On ne peut pas dire qu’enfant, pourtant, j’ai baigné dans un milieu d’artistes, pas du tout. Bien loin de là, même !
A 15 ans, je vis de graves événements personnels qui me font plonger dans une lourde dépression qui durera 10 ans.
A 16 ans, je rentre en première. Je fais la rencontre d’une professeure de français qui m’ouvrira la voie de la littérature et me fera comprendre que j’ai cette sensibilité rare aux arts que peu de personnes ont. Je comprends que c’est un don précieux, que je dois non seulement le cultiver, mais aussi le transmettre. Je découvre la lecture, j’écris furieusement jour et nuit, comme une adolescente qui aime d’un amour fou et déraisonné. L’encre et le papier épongent ma dépression comme un buvard assoiffé par mes maux. 
Vers mes 18 ans je crois (ma mémoire se trouble autour de ma vingtaine), je finis un soir aux urgences. Je suis anémiée, à bout de forces, tordue de douleurs. Les médecins me font peur, m’expliquent que je suis dans un état alarmant. Il est question qu’on m’hospitalise. Plus tard en grandissant, je comprendrai que mon cerveau avait en réalité donné l’ordre d’un suicide lent à mon corps tout entier.
C’est un électrochoc. Je dois choisir entre me battre pour vivre ou abandonner le combat.
Alors que pour faire plaisir à ma famille je m’étais inscrite en prépa HEC après mon bac, je plaque tout et fonce à la fac de lettres, certaine que ma passion me mènera loin.
A 20 ans, je me noie dans la littérature. Elle est mon ancre et ma bouée, et devient rapidement ma raison de vivre.
A 21 ans, j’échappe à un terrible incendie qui ravage la maison familiale où mon père m’avait laissé seule un soir.
Au moment où l’incendie se déclare, je dors. Je suis réveillée par l’instinct qu’un danger approche. Il fait anormalement chaud dans ma chambre, située sous les combles. 
Je sors en catastrophe de ma maison, alertée par les badauds à la fenêtre et les coups de sonnette acharnés au portail.
Dehors, le jardin est envahi d’une fumée lourde et menaçante. Nous nous mettons à courir sous les ordres de la police municipale. Je vis une scène surréaliste.
Cinq minutes après, la partie de la maison où je dormais un peu plus tôt explose sous l’effet de la pression. 
J’ai frôlé la mort deux fois dans ma vie sans même m’en rendre compte. Une prise de conscience que l’on a plus tard, à l’âge adulte, lorsque l’on recouvre ses esprits. 
Dès lors on s’attache à la dévorer comme un affamé !
Partout dans ces moments difficiles, impensables, irréels, extrêmes, où j’étais si jeune, la littérature m’a accompagnée. Elle a veillé sur moi comme une mère depuis mes 16 ans, elle a fait de moi ce que je suis devenue. Je lui dois tout.
C’est grâce à elle si je vis ainsi cette vie que je veux à son image… intense et passionnée !
