Il y a quelques jours, nous avions eu la chance de pouvoir lire tous ensemble sous un soleil radieux sur les toits-terrasses de l’école.
Hélas, aujourd’hui à l’école, il a fallu rester à l’intérieur et bien au chaud dans nos salles de classe. 
Sur les terrasses de l’école ou à l’abri de la pluie, qu’importe !
On peut lire partout, du moment que le lieu est propice au calme et à la sérénité. 
Un chapitre lu à voix haute avec expressivité pour donner l’envie et l’impulsion de lire la suite,
Un peu de musique d’ambiance,
Un roman de science-fiction sur fond d’histoire d’amour,
Une prof qui manage un suspens léééégèrement exagéré et en rajoute juste un peu (“vous allez ha-llu-ci-ner de ce qu’il se passe dans la suite du roman !!!”)
et les dix dernières minutes de cours se transforment en un moment doux et apaisant durant lequel chacun se plonge dans sa lecture, à son rythme, sans pression.
La musique à peine lancée, un silence lourd s’installe immédiatement. Pourtant, d’ordinaire, la classe est bien bavarde !
On lit doucement, ou bien très vite ; on relit deux fois la même page ou bien on enchaine les lignes. On prend toujours son temps, ici plus rien ne presse ! Le temps s’arrête l’espace d’un instant. On réfléchit à ce qu’on vient de lire. On pense. 
On lit la tête couchée sur son bras, ou bien assis le dos droit.
C’est amusant de voir toutes ces façons de profiter de cet instant lecture au calme.
Et puis, ça sonne ! Pourtant, personne – ou presque – ne se lève. C’est fou ! J’arrache certains de leur lecture, littéralement.
Giulia range ses affaires tout en gardant son nez collé à son livre tandis que Simon est toujours assis (a-t-il seulement entendu sonner ?). Anna lâche un spontané : “ohlala ! Comme ça m’a fait du bien ce moment !”
Le petit groupe repart à une allure tranquille, le pas léger, les visages apaisés.
Durant ces journées rythmées où les cours s’enchainent heure après heure, la lecture offre un moment de répit, une pause nécessaire et salvatrice pour les esprits échauffés.
Depuis près de 15 ans que j’enseigne, j’ai souvent remarqué que les ados, petits ou grands, si souvent réticents à la lecture en général, n’ont en fait associé celle-ci qu’à un moment pénible, rarement un moment agréable. Il leur manque, pour avoir le déclic, à associer l’acte de lire à un instant rassérénant, une pause privilégiée.
Un moment bien mérité après une journée bien chargée ! 
La lecture comme remède pour réduire l’anxiété et ralentir la cadence du rythme scolaire de nos ados : j’y crois ferme ! 
Professeure de lettres en collège et lycée et également en ligne, je relève chaque jour le défi fou de faire aimer grammaire et littérature françaises aux jeunes.
